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Photo du roman La Cité des Chimères de Vania Prates

Le monde tel qu’on l’a connu a disparu. Chaos, misère, famine … Les Hommes ont enfin trouvé un équilibre et se sont organisés en guildes, guidé par leur chi, leur nature profonde. Guilde des Marchands, des Inventeurs, des Alchimistes, des Gardiens ; tous demeurent fidèles à ce qu’ils sont afin de vivre en harmonie avec la nature et les animaux particulièrement respectés, créant une cité semblable à une ville sylvestre.

Dans ce monde proche de l’utopie, Céleste, une jeune fille de 17 ans, n’a pas de chi. Le jour où elle rencontre Calissa, mystérieuse contrebandière, elle est loin de se douter qu’elle va se retrouver embrigadée bien malgré elle dans une histoire complexe qui même non seulement le dirigeant de Lowndon Fields, mais également la très redouté « Confrérie des Sans-loi ».

Entre ruse, savoir, intrigues et faux-semblants, Céleste va devoir changer sa vision du monde.

Titre : La Cité des chimères
Auteur : Vania Prates
Genre : Science-fiction
Nombre de pages : 442 pages
Date de sortie : 3 octobre 2019
Prix : 18,00€
PLIB 2020 : #ISBN9782490151219
Éditions : SNAG Fiction

Il y a des livres qui sont comme une évidence, et d’autres à qui on aurait pas jeté un œil en d’autres circonstances. Eh puis, il y a ces lectures qui sont des « peut-être », des « pourquoi pas », des « plus tard »… La Cité des Chimères faisait partie de cette troisième catégorie. La couverture m’attirait, la quatrième aussi mais je ne suis pas gourmande de science fiction, alors j’avais décidé de le laisser de côté. S’il n’avait pas terminé dans les cinq finalistes du PLIB 2020, peut-être y serait-il d’ailleurs resté. Et ça aurait été dommage parce que, loin de la révélation, c’est un premier tome prometteur que nous offre Vania Prates.

« Ton chi est d’être une immergeante, ton rôle dans la vie est donc de lire, de comprendre et de raconter. »

L’intrigue se déroule dans un monde post-apocalyptique, un peu mystérieux. On comprend, à demi mot, que la terre depuis laquelle je vous écris cette chronique n’est plus, et que ses habitants dont nous faisons partie ne sont plus non plus. En bref, les humains n’ont pas réussi à vivre en harmonie, ont saccagé leur seule planète disponible et l’Ancien monde est un modèle à ne surtout pas reproduire. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est ce qui m’a attiré dès le départ dans cette histoire. J’aime que la fiction nous mette en face de nos propres absurdités et même si la littérature n’a pas vocation à changer le monde, ça ne fait de mal à personne d’imaginer un peu ce qui risque d’arriver si nous continuons dans cette voie. Ainsi, Londres est devenue Lowndon Fields et ses habitants ont développé des capacités particulières appelé « chi », qui correspond à leur nature profonde, qu’ils développent et mettent au service de la communauté afin de toujours vivre en harmonie.

« La curiosité mène aux ennuis, intervint soudain son bracelet, mais ce sera toujours plus intéressant que ta vie »

Évidemment, tout n’est pas complétement idyllique dans ce nouveau monde, et les intrigues ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. Nous suivons tout au long de notre lecture, les pérégrinations de deux jeunes femmes, Céleste et Calissa. La première qui travaille dans le magasin familiale depuis qu’elle a onze ans, découvre par le biais de la deuxième, qu’elle a un chi qu’elle ignore. Elle est, en fait, ce que l’on appelle, une immergeante, soit une personne capable de plonger littéralement dans sa lecture afin de comprendre au mieux, et même de vivre, ce qui se déroule dans l’histoire. Calissa, quant à elle, est la dernière rescapée de la guilde des chiméristes et elle semble essayer de comprendre pourquoi tous les autres ont disparu.

« Rien de mieux que de révéler des secrets honteux, une humiliation gênante ou encore des actes illégaux pour que tout le monde vous croie sur parole, et étrangement, personne ne cherchait plus à vous cerner après ça. On leur donnait ce qu’ils voulaient, cela suffisait »

Céleste est un personnage intéressant dans son parcours, dont on fait la connaissance complétement par hasard. Alors qu’elle se veut la plus discrète possible dans un univers ultra masculin où ses frères semblent tout contrôler, son départ précipité pour Septentria, afin d’apprendre à vivre avec ce chi d’immergeante qu’elle ne soupçonnait pas, la rend indépendante et audacieuse. J’ai aimé son naturel, son ingéniosité et sa relation avec son colocataire. Daniel est d’ailleurs le personnage que j’ai le plus apprécié dans cette histoire et j’espère sincèrement qu’on le croisera encore par la suite. Malgré tout, j’ai trouvé que le talent de Céleste n’était pas vraiment exploité dans son ensemble et je suis restée sur ma faim plus d’une fois.

« Chaque personne naît avec une mission sur Terre, on doit s’y intéresser et investir dessus, car c’est ce qui maintiendra notre passion intérieure vivante. »

Calissa est un peu plus énigmatique et j’ai eu du mal à m’attacher à elle. Peut-être à cause de son côté taciturne et rustre, peut-être parce qu’elle paraissait trop sûre d’elle et agaçante par moment… En bref, ce n’est pas mon personnage préféré mais sa rencontre avec Céleste la rend finalement un peu plus humaine. Si Calissa aide véritablement Céleste à s’affirmer en quittant sa famille pour Septentria, cette dernière a également un effet positif sur Calissa qui s’ouvre, se révèle et apprend à faire confiance. Et même si l’on comprend rapidement qu’elle est une âme solitaire, elle a su s’entourer de quelques acolytes tous plus intéressants les uns que les autres. Très vite, nous faisons la connaissance d’Alexian, qui semble cacher beaucoup de choses derrière son humour grandiloquent, et Venicia, la discrète guide toujours accompagné de son Gardien, Dao, mais aussi Leire, le guerrier mystérieux au passé sombre. Tout ce beau monde gravite autour de Calissa, donne du volume à l’histoire et arrache même quelques rires par moment !

« Depuis le début, je suis là, près de toi, et je te soutiens, mais je ne voulais pas être celui qui te sauverait, je voulais être celui qui se tiendrait à tes côtés lorsque tu te sauverais toi-même »

Pour être totalement honnête, j’ai passé toute la première partie du livre à me demander où l’auteure voulait nous embarquer. Entre les descriptions succinctes, les évènements qui s’enchainent un peu rapidement et qui manquent parfois de cohérence, je me sentais perdue dans un monde inconnu. Ce n’est pas totalement déplaisant, juste un peu déroutant. Vania Prates nous donne des informations et des pistes sans que l’on comprenne immédiatement comment les connecter les unes aux autres. Les personnages se croisent et se perdent, les liens se font et se défont et au fur et à mesure, on en vient à se demander pourquoi tous ces détails, si ce n’est pour faire avancer l’histoire d’un même élan ? Alors on s’accroche et on accepte de ne pas tout savoir, pour l’instant.

« Il vivait dans le présent, au contraire de la chimériste qui recherchait encore un sens au passé. »

Le point fort de La Cité des Chimères reste, selon moi, son univers. Surtout lorsque l’intrigue se resserre sur Septentria. Je suis plutôt du genre à adorer visualiser, concevoir, imaginer les lieux dans lesquels un auteur nous fait voyager mais pour une fois, j’ai adoré ne rien comprendre au labyrinthe qu’est Septentria. Cela rajoute à la magie de l’endroit, focalise notre imagination sur d’autres sujets et donne une dimension particulière à l’ensemble de l’histoire. J’aurai d’ailleurs aimé en apprendre plus sur les autres guildes que l’on retrouve entre ses murs. Dans la suite, peut-être !

En résumé, c’était une belle découverte, pleine de mystères, mais quand les connexions se font, la magie opère et on ne peut plus lâcher le livre avant d’avoir atteint le point final. Et même si le dénouement manque un peu de relief, j’ai bien envie de découvrir la suite des aventures des Sans-loi, d’en apprendre plus sur ses membres ainsi que sur ce monde en reconstruction.

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