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L'arrache-mots - by Masha
« La phrase s’écoula de ses lèvres lentement.
Les enfants retinrent leur souffle.
Les caractères se décollèrent de la page en tremblotant,
ils virevoltèrent sous le nez de la jeune femme
avant de dessiner quatre silhouettes distinctes.
»

La jeune Iliade a un don merveilleux : le pouvoir de donner vie aux mots et aux histoires. Ce don fait d’elle la bibliothécaire la plus célèbre de tout le royaume d’Esmérie.
Le matin où elle reçoit une demande en mariage presque anonyme, elle n’est sûre que d’une chose : son prétendant est un membre de la famille royale.
Iliade décide de se rendre dans la capitale pour en savoir plus sur cette mystérieuse proposition. Là-bas, elle découvre les fastes de la cour… et la froideur de son fiancé. Surtout, elle se retrouve propulsée au coeur d’intrigues et de complots auxquels rien ne la préparait…

Titre : L’arrache-mots
Auteur : Judith Bouilloc
Genre : Fantastique
Nombre de pages :  295 pages
Date de sortie : 22 mai 2019
Prix : 15,90€
PLIB 2020 : #ISBN9782016270080
Éditions : Hachette Romans

 « L’imagination est comme un muscle. Pour la développer, tu dois la nourrir et la faire travailler. »

L’arrache-mots a piqué ma curiosité d’abord parce qu’il était légèrement controversé de par sa ressemblance avec l’excellent premier tome de La Passe-Miroir de Christelle Dabos. Certains parlaient de quelques emprunts, d’autres, d’une véritable imitation, j’avais donc très envie de voir les choses par moi-même. Puisque je venais tout juste de refermer le dernier tome de La Passe-Miroir, j’ai décidé ni une, ni deux de plonger dans L’arrache-mots pour déterminer s’il s’agissait d’une soeur jumelle ou d’une lointaine cousine. Sincèrement, les similitudes sont là et ce serait vraiment faire preuve de mauvaise foi que de dire que L’arrache-mots n’a rien des Fiancés de l’Hiver mais sans vouloir rentrer dans un débat futile, il me semble tout de même que l’histoire qui nous intéresse ici a un existence qui lui est propre. J’irai même jusqu’à dire que j’ai préféré par certains aspects L’arrache-mots à La Passe-Miroir.

« Si j’aime les livres, ce n’est pas pour l’évasion qu’ils me procurent, c’est parce qu’ils rendent claires les pensées humaines qui autrement sont troubles, décousues et intempestives. »

À mon sens, et je le précise bien parce que tout ceci ne tient qu’à moi, L’arrache-mots a réussi à me plonger dans un univers simple et rapide d’accès, là où La Passe-Miroir tendait à me perdre très régulièrement dans les méandres de ses arches. Evidemment, je ne remets pas en cause la qualité de l’univers proposé par l’auteur, parce qu’il est incroyable de richesse, mais parfois, lorsqu’il y en a trop, je perds le fil et ma lecture en pâtit. Je me dis toujours que si une lecture me donne envie de sortir une feuille et un stylo pour me faire des mémos, ça va être compliqué de suivre. Mais puisque le sujet de l’article n’est pas La Passe-Miroir (qui aura le droit à son article aussi, pas de jaloux), là s’arrêtera pour moi la comparaison. J’ai réussi, contre toute attente, à appréhender ma lecture sans a priori et j’ai passé un très bon moment de lecture.

« En croisant les univers, en inventant ce que les mots ne disent pas. Rêve les blancs entre les lignes, déploie tes propres histoires et tes propres visions. »

J’ai particulièrement apprécié que ce soit un roman unique, parce que je lis beaucoup de sagas (et j’adore ça) mais j’aime parfois lire une histoire avec un début et une fin en moins de 300 pages. C’est court, c’est précis, on ne tourne pas autour du pot et généralement, on a pas le temps de s’ennuyer. J’ai lu souvent que l’histoire manquait de fond, que beaucoup d’espaces sonnaient creux, qu’il aurait fallu nous donner un peu plus de détails. Je suis d’accord la plupart du temps, mais pas dans le cas de ce roman. Justement, et puisque ce n’est pas une saga, nul besoin de s’épancher quinze ans sur l’avant, l’historique complet des personnages secondaires et j’en passe. Ça me semble utile dans un premier tome parce que ça pose les bases des suivants mais a-t-on vraiment BESOIN de savoir tous les tenants et aboutissants de l’univers ? Je ne crois pas. Attention, je ne dis pas qu’on en a pas envie, au contraire… Mais ça n’est pas vraiment utile selon moi.

« Il ne lui restait plus une miette d’espoir. Seuls demeuraient la foule des mots dansants au-dessus des flots et le désir brûlant de les partager. »

L’arrache-mots est une bibliothécaire stylée qui donne vie aux histoires, ce qui lui confère le titre de meilleure conteuse de tout le royaume. J’ai tout de suite trouvé Iliade sympathique, sans pour autant m’identifier à elle. Peut-être à cause de sa personnalité toujours en demi teinte, j’ai presque préférée sa soeur ainée dont j’étais avide d’avoir des nouvelles tout au long de l’histoire. Pour autant, j’ai aimé suivre Iliade dans sa découverte de la cour, et de son mystérieux fiancé. Et même si l’histoire est un peu vu et revu, je me suis laissée entrainer volontiers jusqu’au dénouement. La romance est prédominante et il faut aimer le genre pour apprécier sa lecture, mais comme j’ai réduis ma consommation à quelques romans par an, je n’ai pas été dérangé par ce pan de l’histoire. On croise quelques clichés, notamment sur les personnages masculins tous plus crispants les uns que les autres. Mention très spéciale à l’auteur-raté-ex-fiancé d’Iliade et au prince du royaume d’Esmérie, qui nous rappellent bien évidemment que la beauté et la bonté ne vont pas forcément de paire. Cependant, malgré quelques maximes de contes de fées, il n’y a pas de grandes surprises de ce côté-ci de la trame.

« La phrase se recolla sagement sur la feuille et Iliade compris, à la faveur d’un long baiser, qu’il existait un langage aussi puissant que celui des mots. »

En revanche, j’aurais aimé que l’histoire politique prenne un peu plus de place, d’autant qu’elle semblait tout à fait palpitante. Malheureusement, la fin arrive très rapidement et les révélations finales semblent un peu précipitées, comme une dissertation de 4 heures qu’on se dépêche de conclure. Ce sera mon seul bémol… Pour le reste, L’arrache-mots a été une lecture agréable et réconfortante, loin du plagiat que j’imaginais découvrir (comment ça j’en fais trop ?).

 

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