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Cet article signe la fin de l’édition 2022 du PLIB tant apprécié et cette année nous a encore offert de très belles découvertes. C’est d’ailleurs la première fois que je savoure autant mes lectures, au point de douter jusqu’au bout de mon gagnant. Mais comme l’un d’entre eux m’a tapé dans l’oeil dès les premières lignes, il était difficile pour les autres de venir le détrôner pour de bon. En tout cas, j’ai adoré cette expérience, une fois de plus. Et même si, cette année, j’ai du me concentrer sur mon projet professionnel et passer moins de temps sur Discord, j’aime cette ambiance particulière qui anime cette communauté. Ferais-je partie de la promotion 2023 ? Je croise les doigts pour que ce soit le cas !

Et je vous laisse maintenant avec mon avis sur ces 5 pépites, finalistes du PLIB 2022.

Une couronne d’Os et d’Épines de Emily Norsken

Servir le royaume qu’importe le prix, qu’importe le moyen.
Bien au Nord, sur le royaume de Cnàimh, les Dieux, les Anciens et le Os veillent. Le souvenir du roi Teodor dit le Boucher hante toujours ses habitants. Pour survivre aux hivers glacials du dieu Wyrn, ces terres doivent rétablir les alliances défaites sous la lame des conquêtes du feu dirigeant sanguinaire.
Nayla appartient au sang sombre, la chamane l’a désignée ainsi lors de son rituel de passage. Corbeau, elle devra devenir.  Elle doit rejoindre cet ordre de femmes pour devenir les yeux et les oreilles du roi des Os, Ingvar le Juste. Guidée par la Reine des Corbeaux, Frihër Agn, Nayla devient Nå, son héritière.

Titre : Une couronne d’Os et d’Épines
Auteur : Emily Norsken
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 570 pages
Date de sortie : 01 septembre 2021
Prix format numérique : 12,99€
PLIB2022 : #ISBN9782492118043
Éditions : Les Trois Nornes

Avant de me plonger dans ce finaliste, j’ai lu beaucoup d’avis qui déploraient les longueurs et ça m’a fait peur. Les longueurs, c’est clairement ce qui me fait quitter le navire avant la fin du voyage, 90% du temps. Alors quand j’ai pris le large avec cet a priori, je n’étais pas du tout sereine. Et contre toute attente, je ne me suis pas ennuyée une seule fois. Mieux, j’ai frôlé le coup de coeur ! Et pour une fois qu’on nous offre un roman fantasy à l’univers riche en un seul tome, je n’allais pas me plaindre.

L’auteure nous embarque dans la vie de la jeune Nayla, désignée sang sombre — comprenez stérile — par la chaman de son village lors d’une cérémonie rituelle. Elle est envoyé à la cité des Os pour rejoindre l’ordre des Corbeaux, dont la Reine est le bras droit du souverain. Nayla, renommée Na pour l’occasion, devient l’héritière de la Reine des Corbeaux et entre dans une vie de cour trépidante, où se déroule une redoutable partie d’échec politique mêlant intrigues diplomatiques et personnelles.

J’ai apprécie le travail des personnages, des lieux et de tous les détails qui transportent le lecteur tout droit dans l’univers du livre. Malgré quelques clichés du genre parmi les protagonistes, j’ai particulièrement aimé les relations qui liaient Nayla avec son protecteur Bromn, son ami Trystan ou encore Frihër Agn, vraie figure maternelle, ferme mais si attachante.

Deux bémols tout de même. Tout d’abord, le sujet du viol, traité à deux reprises dans le roman, ne l’est pas de manière assez tranché. Loin d’être porté aux nues, il n’est toutefois pas condamné de manière convaincante à mon sens et en 2022, cela pose un vrai problème. D’autant que la deuxième scène, sous couvert de rite de passage, n’est en fait qu’une mascarade, en tout point inutile au récit. Enfin de mon point de vue. Ensuite, LES FAUTES. Deux livres sur 5 sont des catastrophes éditoriales et c’est vraiment dommage de trouver ce genre de soucis dans les finalistes d’un prix littéraire.

En bref, c’est — malgré les deux points soulevés précédemment — une lecture que je recommande pour la plume addictive de l’auteure, pour son univers riche et ses personnages tour à tour attachants, fascinants, agaçants.

Fleurs d’Oko de Leäticia Danae

À Sangaré, la magie, réservée aux hommes, se déploie en de multiples couleurs. Mais petite Oko est spéciale. Elle parle le Langage des fleurs.
Lorsque le murmure des griottes annonce la venue du puissant Soumaoro, envoûteur du royaume en quête d’un aspirant prêt à lui succéder, Oko prend sa décision.
Elle quitte tout pour assouvir son besoin d’aventure et de reconnaissance.
Alors qu’aux portes de la capitale, la Brousse menace d’étendre son fléau, dans les dédales du palais d’Ivoire, Oko découvre un tout autre monde. Celui de la magie, telle qu’elle ne l’a jamais expérimentée, mais aussi les intrigues de la cour, les ruses et les coups bas. À qui peut-elle se fier ? Qui redouter ? Tant de questions, si peu de réponses. La concurrence est rude et les embûches parsèment le chemin de la jeune aspirante.
Et à travers ses épreuves, petite Oko deviendra grande.

Titre : Fleurs d’Oko
Auteur : Leäticia Danae
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 421 pages
Date de sortie : 01 janvier 2021
Prix format numérique : 18€
PLIB2022 : #ISBN9782490151264
Éditions : Snag

C’est ma dernière lecture pour le PLIB et pourtant, Fleurs d’Oko se classe deuxième dans ma liste des finalistes. Et vraiment pas loin derrière Une couronne d’Os et d’Épines. Ce roman fantasy assez classique nous offre quand même une belle inspiration africaine qui change de mes lectures habituelles. On y fait la connaissance d’une jeune fille, nommée Oko, qui possède le don de magie alors que cet pratique est majoritairement reservée aux hommes. On trouve, dans Fleurs d’Oko, un inversement des pouvoirs dans une société matriarcale où les femmes règnes et les hommes jettent des sorts. Bon je simplifie mais c’est l’idée. Et elle n’était pas pour me déplaire ! J’ai particulièrement apprécié le début du roman, malgré le tout petit cliché de la petite fille au passé difficile qui est vouée à réaliser de grandes choses. J’ai aussi aimé retrouver l’ambiance des intrigues de cour qui ne laisse pas de nous faire passer par mille émotions.

Ce roman d’apprentissage est le premier d’une saga initialement prévue chez Snag — et c’est cette version que je vous présente — mais depuis retravaillée pour sortir chez un nouvel éditeur, et apparemment en deux parties. En bon premier, il se lit comme une introduction à un univers beaucoup plus complexe. Malheureusement, il est peut être un peu trop exhaustif sur cet univers et, notamment, sur la partie “africaine” de l’histoire. J’aurais aimé découvrir un peu plus profondément les mythes et légendes qui entourent les magies et cette brousse qui avance inexorablement. J’aurais voulu apprendre d’avantages de choses sur les griots et griottes, les différentes tribus, le palais et les castes. Bref je reste un peu sur ma faim.

De plus, pour une histoire qui met en avant une société qui se revendique matriarcale, je n’ai malheureusement pas retrouvé cette impression dans le récit. J’ai même été un peu déçue que l’intrigue ne tourne finalement qu’autour des hommes. Oko est donc une des rares femmes à posséder le don de magie, ce qui s’avère plutôt cool, mais on la dénigre pour ça. Son rôle dans toute la deuxième moitié du roman va être de trouver un mari à l’héritière du trône ; on assiste donc à un défilé de prétendants tous plus gonflants les uns que les autres — mais j’imagine que c’était le but. Son meilleur ami est un garçon, sa pire ennemi est une fille, la reine est une peau de vache… bon, vous l’aurez compris, ça manque de sororité au royaume des femmes !

D’or et d’oreillers de Flore Vesco

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de Lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa  future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Pour l’heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que Lord Handerson propose à Sadima de passer l’épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n’a pourtant rien d’une princesse au petit pois ! Et c’est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…

Titre : D’or et d’oreillers
Auteur : Flore Vesco
Genre : Conte/Fantastique
Nombre de pages : 240 pages
Date de sortie : 03 mars 2021
Prix format numérique : 16€
PLIB2022 : #ISBN9782211310239
Éditions : L’école des loisirs

Cette réécriture du conte de la Princesse au petit-pois, revue, corrigée et sans petit-pois est sans doute le roman qui m’a le plus marqué dans cette dernière sélection du PLIB. La plume de Flore Vesco est belle et fluide malgré un discours bien souvent métaphorique. J’ai particulièrement apprécié de retrouver l’univers et le language des contes, comme un retour en enfance. Mais, pour moi, la comparaison s’arrête ici et l’univers enfantin avec elle. Flore Vesco casse les codes du conte telle qu’on le connait en passant, notamment, par la deconstruction des personnages emblématiques. Ne cherchez pas de princesse, notre héroïne en est loin et n’a clairement pas envie d’en être une. En tout cas, pas dans sa forme primitive.

Notre protagoniste, Sadima, est une domestique au service des demoiselles Watkins que leur mère, avide d’un bon parti, s’emprêsse d’envoyer au chateau de Lord Henderson afin qu’elles passent le fameux test : une nuit seule, sans chaperon, dans une chambre du chateau. Évidemment, les échecs s’enchaînent chez les Watkins et la proposition de Lord Henderson à Sadima de passer l’epreuve du lit aux multiples matelas n’est pas pour plaire à tout le monde. La suite est un enchevêtrement de mystères qui entourent ce chatelain énigmatique et Blenkinsop Castle, son domaine, qui semble parfois posséder sa propre volonté.

Original et résolument moderne, ce conte d’un nouveau genre se révèle addictif. Le discours est plutôt sérieux, abordant le feminisme, les relations familiales et leur complexité, les castes, etc. Au dela-même de ces themes importants, Flore Vesco met l’accent sur une féminitié décompléxée qui n’a pas fini de diviser les lecteurs. Pour ma part, je ressors de cette lecture emerveillée et impressionnée par le travail d’une auteure que je prendrais plaisir à lire dans le futur.

Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin de Laure Dargelos

prospérine virgule-point

Demi-Mot aurait pu être un village ordinaire, s’il n’était pas bâti à la limite du Texte. Jour après jour, les habitants polissent et astiquent les lettres ; ils entretiennent ces milliers de caractères qui, sans leur concours, se seraient déjà effondrés. Chez les Virgule-Point, l’aînée de la fratrie a choisi une voie bien différente : fleuriste ! Elle préfère bichonner des Trompettes à pétales plutôt que de faire prospérer l’empire des points et des virgules. Mais un événement inexplicable ne tarde pas à l’entraîner dans une spirale qui la dépasse.⁣

Et si l’avenir du village était en jeu ? Et si tout était lié à la Phrase sans fin, cette mystérieuse phrase laissée en suspens par l’Auteur ?

Titre : Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin
Auteur : Laure Dargelos
Genre : Cosy mystery/Fantastique
Nombre de pages : 342 pages
Date de sortie : 30 avril 2021
Prix format numérique : 18€
PLIB2022 : #ISBN9782957023745
Éditions : Rivka

Prospérine Virgule-Point est un roman orignal que j’ai pris comme une parenthèse bienvenue au milieu de ses concurrents au ton plus sérieux. Attention, si c’est le finaliste qui me parait le plus « jeunesse » de la sélection, il n’en a pas moins un univers riche et très développé. Entre les pages de ce belle objet-livre, Laure Dargelos met en scène la vie à l’intérieur de nos livres. Et nous ne parlons pas ici de l’histoire, mais bien d’un peuple qui habite nos ouvrages préférés pour entretenir le texte. Ainsi, auteur reconnu ou simple amateur de jolis mots, dès qu’une personne se met à écrire, un village se créer pour s’occuper du texte.

Prospérine habite la jolie bourgade de Demi-Mot dont la mission est de prendre soin de Peines perdues, une histoire inachevée qui menace désormais de s’effondrer. En plus de ce « petit » détail, Demi-Mot est le théâtre d’un crime que notre truculente héroïne découvre un beau matin dans le jardin de sa boutique de fleurs. Aussitôt, les aventures s’enchaînent et chaque nouvelle péripetie cache des mystères que Prospérine devra résoudre avec des alliés pour le moins hétérogènes : son petit frère, Ernest, aux talents particuliers, Honoré, un habitant de la ville plutôt revêche ainsi que sa fidèle Trompette à pétales, au caractère bien trempé.

Ce roman hybride, entre cosy mystery et fantastique est unique en son genre. Avec ses références à la langue française absolument partout, des noms propres aux lieux, en passant par les fonctions, ses personnages bien ciselés et son imaginaire bien particulier, Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin promet une expérience plus qu’une lecture. Et vous n’ouvrirez plus jamais un livre sans penser à ces protecteurs de l’ombre qu’a imaginé pour nous Laure Dargelos.

 

Encens de Johanna Marines

encens

Nouvelle Orléans, 1919. Alors que le tueur à la hache sème la terreur dans les rues et nargue les enquêteurs, le corps mutilé d’une jeune femme est découvert en ville. Que signifient ces notes de musique et ces marques de brûlures retrouvées sur sa peau et ces étranges plumes métalliques plantées dans son dos ?
Pour les inspecteurs Perkins et Bowie, une nouvelle enquête s’ouvre. Se pourrait-il qu’un deuxième meurtrier soit à l’œuvre ? Que faire quand deux tueurs en série rivalisent de cruauté et que la ville devient leur terrain de jeu ? Plongez au cœur des Bayous où le jazz est roi et prenez de la hauteur à bord du Mécanic Hall, un aérocabaret où les dancing-automates sont devenus des déesses de la fête. Découvrez le passé trouble de Grace, une intrépide cartomancienne et de sa chouette mécanique et sautez de toits en toits aux côtés des désembobineurs qui collectent l’électricité pour la New Orleans General Electric Company.

Titre : Encens
Auteur : Johanna Marines
Genre : Steampunk
Nombre de pages : 500 pages
Date de sortie : 09 juin 2021
Prix format numérique : 18€
PLIB2022 : #ISBN9782490151370
Éditions : Snag

Encens fait partie des ces romans dont j’apprécie la lecture, mais qui ne me laissent pas un souvenir impérissable. Il faut dire qu’il partait avec un handicap de taille, j’ai beaucoup de mal avec le steampunk. Au delà de la simple question de goût, je trouve souvent que les possibilités sont si grandes avec le genre que la déception l’est souvent aussi quand l’univers n’est pas approfondie. Malgré tout, j’avais un bon ressenti avant de me lancer dans Encens puisqu’il promettait une réécriture de l’histoire vraie du célèbre tueur à la hache. Et ce genre d’histoire me fascine particulièrement. J’ai donc plongé dans le roman et malheureusement, je n’ai pas réussi à y entrer complètement.

Pour commencer, on nous promet dès la quatrième de couverture un voyage à la Nouvelle-Orléans, qui nous laisse présager une ambiance  bien particulière avec ses bayous, son architecture, ses rues bondées à la musique endiablées. Mais le décor n’est finalement que peu présent. L’intrigue pourrait donc se passer dans n’importe quelle ville et c’est décevant, de mon point de vue. Ensuite, le steampunk est surtout visuel et manque vraiment de contexte dans l’intrigue. Mais comme je suis plus avide de romans policier que de steampunk, j’ai pu me contenter amplement de cet aspect et m’imprégner des mystères qui entourent, non pas un, mais deux tueurs très imaginatifs.

J’ai particulièrement apprécié l’organisation du roman qui saute d’un point de vue à l’autre au fil des pages. Je trouve que le roman chorale ajoute son lot de suspense à ce genre de récit. De plus, les pages de journal qui parsèment le texte sont un vrai plus pour la compréhension et l’exploration de l’univers, en faisant du lecteur un personnage a part entière.

Malheureusement, je ne pouvais pas parler de ce livre sans évoquer ce qui m’a posé le plus problème dans ma lecture, et qui pour moi représente un énorme manque de respect, et pour l’auteure, et pour le lecteur. Je veux parler ici du travail éditorial bâclé, si ce n’est inexistant sur ma version papier. Quelques coquilles éparses sont toujours acceptables puisque personne n’est infaillible, mais le roman est rempli de fautes d’accord, de problèmes de concordances, de tournures alambiquées, de lourdeurs et répétitions… C’est un red flag évident.En bref, Encens est un bon divertissement pour les amoureux d’enquêtes et d’automates, qu’une bonne relecture devrait rendre plus digeste pour tout le monde.

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